Tanjah âlia

 

"Tanger, l'internationale. Le nom en soi me faisait rêver. Pour moi, ce n'était pas une ville, mais un pays lointain. D'après les récits de Driss, il fallait passer deux frontières pour l'atteindre.Cela prenait la journée entière. Et, quand on y était, on retrouvait des Marocains comme nous, même si la population étrangère était plus dense qu'ailleurs : Francès, Sbaniouls, Inglizes, Alimanes, Talianes, Maricanes, et même Hnouds (Indiens). là-bas, on trouvait des marchandises inimaginables. D'autres leaders du mouvement nationaliste y vivaient et s'exprimaient librement, sans être inquiétés.

Tanja la haute / Juchée sur ses colonnes / Awlaïlah !

Radio Tanger entrecoupait souvent ses émissions par cette chanson à la gloire de la ville. Et, puisqu'on parle d'émission, celle dont je devins un auditeur fervent était un concours où l'on devait deviner le titre, l'auteur et l'interprète d'une chanson d'après un bref extrait qui en était diffusé. Il fallait vite écrire. À la suite de quoi un tirage au sort départageait ceux qui avaient donné la bonne réponse. Quelques jours plus tard, le nom de l'heureux élu était annoncé et un cadeau surprise lui était envoyé par la poste."


Abdellatif Laâbi, Le fond de la jarre, Folio.

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