Passage d'alors



Elle, il n'y a que ses doigts qui n'ont pas dormi
ils étaient là-bas à prendre dans le souvenir
rapiéçant leurs rêves sous une lumière légère
tandis qu'
une cloche une seul rembobinait le chemin de sa maison
une cloche une seule grimpant du côté de la colline
vers les ruines et le couvent

Une cloche une seule claudiquait derrière la clôture
le cimetière des musulmans
et traversait à l'endroit où se retirent les djinns et les morts qui dorment
auprès des fontaines sur le chemin des oiseaux

Une cloche une seule pour les étrangères
les souhaits en petit nombre et l'été

Pour les vieux vêtements les livres de classe
et dans le placard du haut les gamins qui sont morts

Un cloche une seule grimpant sur la colline derrière le temps jadis
derrière les arbrisseaux au bas de la pente
là les chiens d'alors sont enroulés dans le récit
et les maisons ramassées dans l'air embaumé

Une cloche une seule la hélait par son nom en grimpant
peut-être pour voir boucler le "ô" par dessus le bois de pins




Ghassan Zaqtan, extrait de Suppléments au passé (cipM, traduit de l'arabe palestinien par Jean-Claude Depaule et Lotfi Nia).

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