Fredonné à ma fille



Je n'ai pas de fille pour lui dire
ma fille
essaie de m'appeler si je m'endors
ou rappelle-moi que je suis là
si j'oublie

moi j'oublie beaucoup ici
j'oublie tout le temps maintenant

Je n'ai pas de fille
pour me caresser les cheveux
me fermer les yeux
mes cheveux qui n'ont pas encore blanchi
et qui ne sont encore pas si loin de l'oreiller maternel
mes yeux
où celui qui a abreuvé les eaux a été conduit par ses pas

Je n'ai pas de fille
pour restituer au coeur
ce qui se décrochait de la fréquentation des gens
sur une route qui du récit échappa

Je n'ai pas de fille
pour voir ses cheveux
purs
dans l'allée que je ne vois pas



Ghassan Zaqtan, extrait de Suppléments au passé (cipM, traduit de l'arabe palestinien par Jean-Claude Depaule et Lotfi Nia)

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